Plus sérieusement, c'est bien ce que je pensais, les fics, ça marche pas. Au pire, vu que le texte est pas des masses aéré ici, vous pouvez toujours vous rabattre sur la version de mon blog, ou le "formatage automatique" du texte permet de donne plus d'espace entre chaque ligne. Ça devrait déjà donner plus envie.
Bon, vous faites comme vous voulez, en fait. Je vous proposerai une version .odt/.doc quand ce sera terminé, déjà plus attractive.
Même si ça vaut pas trop le coup, voilà quand même la suite.
Chapitre 8
Un gars d'un autre forum sur lequel je publie les chapitres a converti les chapitres déjà publiés en format .pdf pour pouvoir les imprimer et épargner les yeux de ceux qui n'aiment pas lire sur PC. Le lien ici, pour ceux que ça intéresse.Horreur au moment de se lever : impossible de sortir ! Des planches de métal solide recouvrent nos portes et fenêtres donnant sur l'extérieur ! Nous sommes enfermés !
Mon père tente par tous les moyens de briser l'emprise de ces choses, il n'hésite pas à sortir une vieille caisse à outils... mais ce sont les outils qui brisent. C'est au tour de mon père de fondre en larmes, à ma mère de le réconforter.
« Non ! Non ! Je suis déjà dans le collimateur du patron depuis que je suis dans sa boîte, ça fait quinze ans qu'il cherche un prétexte valable pour me virer !
- Il ne va quand même pas te virer pour un retard au boulot, quand même, si ?
- Je l'ai déjà supplié pour avoir ce job au RMI, mais il préfère encore ne pas m'avoir dans ses rangs ! »
Ayant une idée, bien que peu orthodoxe, je fuis vers Anuva. Sarantu n'est pas là, mais je peux toujours demander conseil aux maîtres. Je parviens à en trouver un en communication visuelle grâce à l'ordinateur.
« Mes respects, maître. Je me nomme Ardamu, je viens d'être promu apprenti, et j'ai besoin de votre aide.
- Salutations, apprenti, que souhaites-tu savoir ?
- Je suis actuellement bloqué chez moi, des énergumènes ont bloqué les issues avec des planches de métal. Ne puis-je pas me servir de mon armure Mikava pour briser leur emprise ?
- Son usage est normalement réservé aux combats. Mais tu peux t'en servir pour te sortir d'une situation inextricable avec des moyens terrestres.
- Merci, maître. »
La communication se termine, je retourne sur Terre, attends que mes parents s'éclipsent dans une pièce voisine, je pense ''Enfiler armure'' quelques secondes. Ça marche. Je sors la lame de son fourreau et m'en sers pour éliminer les planches bloquant l'accès à la porte principale. Le bruit attire l'attention de mes parents. Heureusement qu'ils ne me voient pas quand je suis en armure, la situation serait inexplicable. Je m'éclipse vers les toilettes pour reprendre mon apparence humaine, tandis qu'ils restent bouche bée devant l'issue crée comme par magie. Peu après, je me sers de mon jeu d'acteur pour avoir l'air aussi surpris qu'eux. Puis la journée reprend normalement, et par chance, personne n'est en retard.
Entrant en salle de classe, Horace, fils de l'employeur de mon père, pousse un ''Mais...'' stupéfait en me voyant, avant que son voisin Manu ne le coupe avec un ''Ta gueule.'' très distingué.
La journée est plate, comme à son habitude. Je reprends mon humeur habituelle, malgré une présence d'énergie un peu plus conséquente qu'à l'habitude.
Le soir, je retrouve Sarantu. On est Vendredi, pas de cours demain, je peux rester aussi longtemps que je le souhaite. Je le retrouve dans la salle d'entraînement.
« Chevalier, ne m'aviez-vous pas promis un moyen de locomotion ?
- Patience, patience, mon jeune apprenti. Toute chose vient à point en heure de celui qui sait attendre !
- Mais... ça ne veut rien dire !
- D'accord, tu m'y feras repenser après le cours.
- Avant de commencer, je voulais demander si je pouvais révéler l'existence de ma seconde vie à mes parents. Je risque d'avoir du mal à joindre les deux, et ils commencent déjà à s'inquiéter, je suis contraint de leur mentir et j'ai horreur de ça.
- La clause est claire : tu dois garder l'anonymat. Ne parle même pas de ton identité secrète à tes parents.
- Même les super-héros chez Marvel et DC Comics ont confié leur identité secrète à certaines personnes !
- Tu n'es pas un super-héros, tu es un Mikava !
- …
- Je sais, c'est dur à admettre, c'est difficile de masquer tout ce tintouin aux seuls proches que l'on a, mais il faut le faire ! On évite ainsi une propagation de notre existence dans les médias, ce qui empêche certains mouvements de vouloir nous éliminer.
- Quels mouvements ?
- Tu penses que ça ferait plaisir aux gouvernements impérialistes de savoir qu'ils ont une société concurrente à la leur ? Comment exercer l'autorité et la terreur quand on sait qu'un havre de paix est accessible, à condition d'être apprécié de personne ?
- Si votre organisation comporte tant de sages, je pense que ceux-ci sauront faire la différence entre vrais et faux rejetés.
- Nous serions confrontés à la traque des Mikava. Les pays dépenseraient des milliards pour nous détecter et nous minimiser encore plus qu'ils ne l'ont déjà fait. Puis le bal de l'hypocrisie s'ouvrirait : ''Pourquoi aller sur une planète parallèle et risquer à être tué par un gilet-orange simplement pour être sociable alors qu'on peut vous aider sans danger ?'', avec ses fausses promesses et ses fausses compassions !
- Et qu'est-ce qui me prouve qu'il n'y a pas d'hypocrisie ici ?
- Cet endroit a été fait par quelqu'un ayant réellement vécu l'expérience de la solitude, il ne souhaite ça à personne !
- Qu'est-ce que vous en savez ? Vous étiez là ?
Le ton de la conversation toujours croissant laisse sa place à un silence glacial. Sarantu se reprend sur un ton ferme.
- Jeune homme, j'ai vu par moi-même une quarantaine de personnes passer du stade d'exilé à celui d'homme de société. Je n'ai pour certifier cela que ma parole d'homme. Libre à toi de me croire ou pas. Si tu penses que nous ne voulons pas t'aider, personne ne te retient de partir.
- Je ne vous connaissais pas sur un ton si... froid.
- Il le faut parfois, pour laver l'honneur. Je veux bien jouer les mecs baba cool pour donner une bonne image des Mikava aux nouveaux arrivants, mais encore faut-il que ces arrivants aient un minimum de respect pour l'organisation qui les accueille.
- Veuillez accepter mes excuses, j'ai parlé trop vite.
- C'est déjà oublié. Tu avais autre chose à ajouter ?
- Euh... je ne crois pas.
La tension redescendait.
- Bien, alors...
- Si, en fait. Désolé de vous interrompre, mais... n'est-il pas possible de faire entrer mes parents chez les Mikava ? Ils sont autant marginalisés que moi, en fait...
- Le fait d'attribuer trois apprentis par chevalier est déjà de trop. Nous avons énormément de travail, et nous privilégions les nouvelles recrues jeunes avec beaucoup d'années devant eux encore, qu'il serait dommage de gâcher. Le conseil des maîtres a dû découvrir tes parents en même temps que toi, mais ils ont préféré te recruter à cause de ces critères. Ils ont peut-être été casés sur une liste d'attente, mais ils ne sont pas prioritaires. Et puis... ils ne sont pas en bonne santé. »
En effet, ma mère a subi de graves blessures suite aux deux accouchements non-assistés qu'elle a subi, c'est un miracle qu'elle soit toujours en vie. Mon père, quant à lui, ne pourrait partir en retraite qu'à 76 ans au vu de sa situation actuelle, et en espérant que son métier ne lui abîme pas plus la santé.
La discussion passée, l'entraînement commence. J'affronte principalement des Migono de niveau ''normal'', je vainc l'adversaire une fois sur cinq. Après deux heures de dures batailles, le ratio descend à une victoire sur trois combats. Sarantu me complimente devant mes progrès plutôt impressionnants.
Nous enchaînons avec un cours. Faclastu est présent. Le chevalier choisit alors d'ouvrir un volet concernant les relations sentimentales.
« Faclastu, tu as une chance énorme d'avoir rencontré Carolia. Le tout est maintenant de ne pas se planter lors de ton rendez-vous au restaurant. Je sais que tu as énormément gagné en assurance, mais rien n'est encore joué tant que la phase de la séduction n'est pas terminée. Je te propose donc une petite mise en situation à ce sujet. Profitons de la présence d'Ardamu pour le faire participer et le laisser répondre en premier.
- Euh... peut-être. Je vous avoue que mon expérience dans le domaine des relations avec le sexe opposé tend vers moins l'infini.
- Et bien, ce sera l'occasion de lui faire changer de signe !
- Excuse Faclastu, il a trop conversé avec Garatu.
- Sans rancune ?
- Sans rancune. Mais je suis pas trop le genre de gars à faire la gueule à quelqu'un pour une blague pas drôle.
- Bien. Mise en situation. Devant la porte du restaurant, en train de... fumer une clope, une charmante demoiselle...
- Je fume pas.
- Ce n'est qu'une mise en situation, Ardamu, laisse-moi continuer. Donc, une charmante demoiselle sort également son paquet de cigarettes et vient fumer à vos côtés. Ardamu ?
- Quoi ?
- À toi de me dire ce que tu fais ensuite.
- Je rentre dans le restau, je peux pas saquer l'odeur de la clope.
- Je viens de te dire que c'est une mise en situation, admettons que tu aimes l'odeur quand même, ce n'est toutes façons pas réel !
- Même avec de l'imagination j'ai du mal...
- Bon, oublions l'histoire de la clope. Admettons que vous êtes devant le restaurant tous les deux et que vous ne fumez pas.
- Mais on fait quoi, alors ?
- J'en sais rien, vous attendez quelqu'un par exemple.
- C'est pas mieux d'attendre à l'intérieur ?
- Bon, on va dire que vous faites rien.
- Poireauter dehors à rien foutre, sous la pluie en plus de ça ? Vous en connaissez beaucoup des gens qui le font ? »
Chapitre 9
Première TransitionVingt minutes et trois aspirines plus tard, la mise en situation parvient jusqu'à la table de restaurant, où le gars a réussi à inviter la demoiselle à dîner, avec comme plat principal ce fameux poulet rôti bien lourd à digérer à huit heures du soir qui fait la réputation de l'établissement.
« Je maintiens qu'il serait meilleur avec de la mayonnaise.
- Ardamu, s'il-te-plaît. On a déjà eu assez de mal à faire venir cette charmante jeune femme à votre table. Dans la réalité, ça ne se serait pas passé comme ça.
- Ça convient peut-être à Faclastu, la fumée de la clope, mais j'aurais personnellement pas accepté.
- Ah non, moi, j'aime pas non plus.
Sarantu reprend sa respiration.
- Bon, elle vous demande quels sont vos films préférés. Ardamu, quel genre de film lui cites-tu ?
- Je sais pas, je vais jamais au ciné.
- Tu en as bien vu à la télé ?
- Les jours où elle marche, on ne peut capter que les téléfilms familiaux de la première chaîne, je peux pas me faire d'opinion.
- Mmh... Laissons tomber. Faclastu, que dirais-tu ?
- ''Qu'importe le film. Un bon jeu d'acteur fait la différence quelque soit le genre dans lequel il joue. J'admets préférer les comédies ''intelligentes'' malgré tout. Et toi, que préfères-tu ?''
- Très bien. Elle répond qu'elle n'a que peu de temps à consacrer à son côté cinéphile. Elle n'aime pas les pseudo-comédies trash adolescentes, et admet avoir un côté nostalgique et préférer les œuvres où joue Louis de Funès. Ardamu, que répondrais-tu ?
- C'est qui, Louis de Funès ?
- Simplement un acteur relativement connu, capable de faire des mimiques inoubliables, faisant partie de la culture populaire. Dommage qu'il soit mort. Comment peux-tu ne pas le connaître ?
- Je vous l'ai dit, Sarantu, ma télé marche pas. Je connais juste un peu ''Joséphine, Ange Gardien'', vous voyez ce que c'est ?
- J'ai vu deux minutes, ça m'a suffi. Mais ta télé ne marche pas correctement depuis combien de temps ?
- Depuis 1987, d'après mon père.
- Passons. Faclastu ?
- Ah, Louis de Funès ! Sans lui, il n'y aurait pas eu de patrimoine humoristico-cinématographique !
- Pfou, pour dîner avec toi, faut amener un dictionnaire. Tu comptes brancher ta nana avec Le Petit Robert ?
- Ardamu, c'est moi qui mets en situation, ici.
- C'est pas une mise en situation, c'est une confrontation face aux faits. Et si on tombait devant une Ophélia ?
- Tu m'as dit qu'elle est moche comme un pou.
- Oué, mais je parle du niveau intellectuel.
- Il faut savoir faire abstraction des défauts et préjugés pour mettre au devant les qualités qui feront l'amour éternel.
- Bien, Faclastu. Je vois que tu retiens mes enseignements.
- Mouep, je suis pas encore convaincu... »
La fin du cours se termine par une gifle de la demoiselle pour moi, et un baiser de sa part pour Faclastu. Revigoré par cet événement, il nous quitte et passe le relais à Garatu, arrivant tout excité.
« J'ai fait rire quelqu'un ! J'ai fait rire quelqu'un ! hurle-t-il
- Bonsoir, Garatu. répond Sarantu
- Oui, bonsoir. Pardon, chevalier. Mais il faut me comprendre ! J'ai fait rire quelqu'un !
- On a compris. Et si tu t'asseyais plutôt pour nous conter ce qui s'est passé ?
Le plaisantin s'exécute.
- Alors, j'étais à un arrêt de bus. Ce dernier est en retard, comme d'habitude. Un gars est au même arrêt, et là je dis ''Vous connaissez la blague du bus à l'heure ?'' HA HA HA !
- HA HA HA ! reflète mon mentor
- Euh... Ah Ah ? dis-je hésitant
- Ou Brigitte Bardot ! HA HA HA !
- Zut, je me disais aussi qu'on avait pas encore eu une vanne navrante depuis vingt-sept secondes.
Sur ces mots, Sarantu sort un sédatif et l'applique à Garatu. C'est à moi de reprendre la conversation alors que le blagueur reprend ses esprits.
- Vous savez, vous allez un peu vite pour moi. Vous pourriez m'expliquer toutes les tentatives de traits d'humour auxquelles nous avons été soumis depuis l'arrivée de notre ami blagueur ?
- Et bien, déjà, Garatu s'est vautré au sol. Humour visuel classique.
- Ah ? J'avais pas remarqué.
- Tu n'as rien perdu. Après, il y a le ''Vous connaissez la blague du bus à l'heure ?'', ce qui est drôle, car paradoxal. Un bus ne peut être à l'heure, sinon, c'est une plaisanterie, une blague.
- Je prends pas les transports en commun.
- Puis Garatu à cité ce nom d'actrice dont les initiales sont BB pour faire écho à ton Ah Ah, blague alphabétique trop mal placée, suffisant à plomber la soirée.
- Merci, c'est plus clair. Excusez-moi, je fatigue un peu, faut pas m'en vouloir si je suis pas tout.
- Ne t'en fais pas, des choses m'échappent aussi, parfois.
- Au fait, je dois aller aux toilettes, je reviens.
- Attends, Ardamu. Installe ce cylindre quand tu auras fini. »
Sarantu me tend le-dit cylindre. Je retourne à ma chambre par la pensée. Après mon affaire, je suis ses consignes. Sur ma visière s'inscrit ''Motocycle installé'', puis ''Veuillez choisir un modèle de motocycle via votre ordinateur''. N'ayant vu des ordinateurs que sur les pubs affichées en trois mètres sur quatre dans les rues de Villanbourg, des Mac d'Apple dont on vantait l'incroyable supériorité, je ne savais guère comment utiliser celui de ma chambre. Je pousse un bouton mis en évidence, des images s'affichent à l'écran. Parmi elles, l'une me propose justement de choisir un motocycle. On me suggère une vingtaine de variétés, certaines étant plus poussées en vitesse, d'autres en résistance, accélération, maniabilité... Leurs formes vont également du conventionnel au surprenant. Ainsi, un châssis en forme de fusée pyramidale me tape dans l’œil, je le choisis. On me dit que je peux en changer si je le souhaite via cette interface. Je sors de ma chambre, puis du bâtiment.
Pas de chance, Sarantu m'a laissé dans la surprise, et je ne sais pas comment conduire cet engin, encore moins comment le générer. Par hasard, je pense ''Générer motocycle'', ça marche. Le modèle choisi se matérialise devant moi, je n'ai plus qu'à le chevaucher. Bel engin, en forme de tétraèdre presque régulier, avec un réacteur dans chaque coin sur la face arrière, un emplacement creusé pour le pilote au niveau d'une arête, deux roues greffées à la face inférieure, et le nez part en pointe aiguisée, idéale pour empaler. Une fois assis, deux pédales se matérialisent, une sous chacun de mes pieds. Je pousse sur celle de gauche, je recule. Je pousse sur celle de droite, je fonce.
N'ayant jamais piloté de tel engin auparavant, la perspective de me retrouver à environ 200 kilomètres par heure en moins de deux secondes ne m'enchante guère. Pratique pour les cascades sur les dunes, pour apprendre à voler. Mais un des écrans près du guidon m'indique à juste titre qu'on aurait déjà retiré mon permis de conduire sur Terre pour excès de vitesse. Par instinct, je penche le-dit guidon vers la gauche ou la droite pour tourner dans ces directions, en avant et en arrière pour me pencher dans ces autres directions. Une carte s'affiche sur un autre des écrans, m'indiquant le chemin de la salle de cours de Sarantu, d'où vient un signal. Je retrouve ce dernier quelques minutes après, non sans avoir fait quelques chutes, malgré le port de la ceinture de sécurité.
« Ravi de voir que mon émetteur fonctionne toujours bien. Tu sauras où me trouver si je l'active. Alors, cet engin te plaît ?
- Mais pourquoi avoir crée un bolide pareil ?
- C'est toi qui insistais pour ne plus marcher jusqu'à mes salles de cours et d'entraînement. Beaucoup d'autres Mikava sont fainéants au même titre, d'où ce type d'engin. Puis ça peut être utile pour semer un Migono à tes trousses.
- Vous auriez pas... des stages de conduite ou des trucs comme ça ?
- Tu peux t'amuser avec cet engin sur certains circuits implantés à la surface d'Anuva. Parfois, pour le fun, on organise aussi des tournois. Grands Prix, duels à la lame, voire les deux d'un coup, des joutes en quelque sorte. Rassure-toi, personne n'y est blessé, les lames ont autant d'effet que celles des Migono en entraînement, et les véhicules ont des radars de collision frontale probable intégrés, reliés à des systèmes de freinage automatique. On en organise à peu près tous les Dimanche.
- Et y'aurait pas des voitures dans le même genre ?
- Je t'ai proposé le motocycle, il y a en effet des voitures, et d'autres types de véhicules pour les plus haut gradés, comme des chasseurs aériens, des sous-marins, des pelotes de laine rebondissantes... À toi de voir chez les différents codeurs d'Anuva, il s'en donnent à cœur joie pour créer améliorations et autres trucs fantaisistes, et pour les vendre à prix onéreux également, parce qu'il y a quand même des trucs qui servent à rien dans le tas. On dira que les objets usuels sont gracieusement donnés par les chevaliers à leurs apprentis, mais un truc comme le parapluie aérodynamique est juste là pour la décoration.
- On paie comment, ici ?
- En Crédits Anuviens, qu'on obtient en guise de récompense avec une bonne place dans les divers tournois. Avec une meilleure expérience et un plus haut grade, les prix descendent. »
Revenu dans la salle de classe, Sarantu enchaîne avec une autre mise en situation, une soirée alcoolisée entre amis dans laquelle on maîtrise l'art de rester crédible saoul. Encore faut-il avoir des amis, je n'écoute donc que d'une oreille. Personnellement, je me rends ivre seul, à peu près toutes les semaines, généralement le lendemain de ma méditation face au nœud coulant. Je vole un peu de vin de marque distributeur à mon père. Il est dégueulasse, mais je reste désagréable sans en importuner un autre, et il me permet d'oublier les événements détestables de manière plus radicale...
FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE
Chapitre 10À quoi bon ?
Pourquoi espérer devenir quelqu'un ? Tous les jours, on entend des histoires de gens qui ont réussi d'un pari idiot. Ils montent une entreprise, qui galère dans les débuts, et qui décolle subitement suite à une distinction de taille. Il y a un gars célèbre de plus sur Terre, et son modèle en inspire d'autres.
En temps et en heure, il chutera. Ce n'est qu'une question de temps. Tout le monde finit par tomber, c'est un fait. Supplanté par un autre dans le même domaine et qui aura su être plus ingénieux, en faillite suite à un manque de moyens engendré par une crise ayant eu lieu à l'autre bout du monde, en manque de matières premières, perte d'un allié précieux, dépression... les moyens d'échouer ne manquent pas.
Il n'a que ce qu'il mérite. À avoir donné un modèle de réussite, il aura voulu en inspirer d'autres. On entend peut-être parler de celui qui réussit, mais on n'entend pas parler des milliers d'influencés qui échouent en ayant voulu suivre son exemple. Chaque jour, des PME ferment, des grandes entreprises déposent la clé sous la porte, des hommes et des femmes sont licenciés pour raisons économiques. Et quand les mauvais moments viennent, ils se déplacent en famille. Suivent après un délaissement de tous, une perte de tout ce qui est cher à nos yeux. Du jour au lendemain, on passe de l'humain riche et respecté à l'humain pauvre et dénigré. Il est tellement facile de tout perdre... Il suffit d'un claquement de doigts...
Tout perdre après avoir donné de faux espoirs à des milliers de personnes. Il y a une justice, quelque part. D'un certain point de vue, la réussite nuit à la santé du peuple.
Plus la réussite dure, plus la chute sera dure. Pourquoi vouloir se démarquer, si c'est pour se plonger dans une immense dépression quand la réalité nous aura rappelé à la médiocrité et à l'échec ? Le meilleur moyen de l'éviter, c'est de rester à son pauvre poste en bas de l'échelle, de vouloir rester conforme, sans ambition, sous peine d'être déçu, fortement déçu.
À quoi bon ?
Chapitre 11Les jours ont passé. Je suis maintenant ''dérouillé'' d'après Sarantu au niveau du maniement de la lame, et je commence à m'imposer face aux niveaux ''difficile''. Je participe également aux stages de pilotage et parviens à maîtriser mon motocycle, mais pas dans les situations pointues et autres cascades. Garatu a étrangement disparu. Mon mentor n'a plus de nouvelles de lui depuis quelques jours, et il ne peut plus se téléporter à l'endroit où il se situe. Faclastu se prépare toujours pour son rendez-vous, sa tension augmente de jour en jour.
Avec les cours du chevalier, auxquels j'assiste chaque jour, je me suis fait un ami. Marc est qualifié d'intello par une majeure partie de la classe et fréquente peu de monde également. Il ne me bizutait pas, mais ne me parlait pas non plus. J'ai su faire connaissance avec lui à l'occasion d'un travail de binôme. En effet, grâce à l'absence d'un gars de ma classe, nous étions en nombre pair ce jour-là. Marc avait également été délaissé, nous nous sommes donc retrouvés à plancher sur un petit dossier d'Histoire-Géo sur la Seconde Guerre Mondiale. Avec quelques clés de conversation que m'a enseigné Sarantu, je me suis trouvé à parler super-héros avec mon collègue. Pour la première fois à la récré, je n'attendais plus péniblement devant la salle de classe, je conversais avec lui, et il s'est révélé être un grand fan de super-héros et posséder une collection de comics remplissant plusieurs étagères. Chaque jour, il m'en prête un, que je lui rends le lendemain après l'avoir lu. Embarrassé de ne rien pouvoir lui prêter, cela me gène toujours, mais il a le cœur sur la main. Cela ne manque pas de jaser auprès des autres. L'ancien ''intello'' est devenu le ''pédé du connard''. Mais ce surnom ne fut qu'éphémère, car son porteur a pu glisser un billet à Wolfgang Ulrich pour qu'il soit oublié.
Une journée commence, mais quelque chose d'inhabituel se produit. Alors que j'attends que la journée de cours commence, finissant le comic de Marc, j'aperçois justement Wolfgang Ulrich et deux de ses amis pousser Blanche dans une ruelle. Mon instinct de curieux me fait ranger la lecture dans mon sac pour me plaquer contre un mur et épier discrètement ce qu'il se passe dans la ruelle. Je vois WU et ses deux sbires brutaliser Blanche, gisant en larmes et en sang au sol. Elle tente de parler.
« Non, Wolfgang ! Pitié !
- Tu refuses la sodomie, salope ! Tu vas voir qu'on refuse rien à Wolfgang Ulrich !
- Pitié ! Arrête ! Tu me fais mal !
- Puisque tu la refuses, je te la ferai de force ! »
Voilà une situation compliquée, que je pourrais résoudre en Mikava. Je suis en effet invisible aux yeux des humains non-initiés sous cette forme, mais mes actions ont malgré tout un impact. Je jette un œil autour de moi pour garder ma transformation discrète, puis je revêts mon armure, entre dans la ruelle, et m'apprête à me servir de ce grappin dont je me suis équipé récemment pour agripper Blanche et l'éloigner de ses ravisseurs. À ce moment, WU se retourne.
« Tiens, tiens, voilà qui est intéressant. Vous voyez ce que je vois, les gars ? Un Mikava !
Il marque un temps, contemplant visiblement mon air surpris.
- À ce que je vois, c'est l'heure de casser de l'optimiste... Rekopo, Tesseto, avec moi ! »
Horrifié, j'assiste à la matérialisation de trois Migono face à moi ! Les deux sbires ont en effet les noms donnés par WU, tandis que ce dernier se nomme désormais Belto. M'étant déjà entraîné contre plusieurs hologrammes de Migono en une seule fois, je suis malgré tout sorti de ces entraînements théoriquement démembré. Et là, les lames sont réelles.
Blanche, quant à elle, semble ne plus nous voir ni nous entendre, et en profite pour fuir dans la direction opposée. Je range alors mon grappin et sors ma lame, tandis que mon adrénaline se met à atteindre un pic critique.
Hurlant de manière horrible, les trois se jettent sur moi. Les coups sont extrêmement rapides, et je parviens difficilement à tous les esquiver. Plusieurs me frôlent sans me blesser, mais endommagent malgré tout mon armure. Heureusement, je parviens rapidement à désarmer un Migono. Sa lame part en hauteur et retombe en donnant un coup mortel à la colonne vertébrale de l'autre sbire. Celui-ci s'effondre au sol, mais les deux adversaires restants n'expriment aucune compassion. Belto ramasse la lame l'ayant tué, range son bouclier et se met à m'attaquer avec elle, en plus de sa propre lame. L'armure du sbire mort disparaît, laissant son cadavre humain ensanglanté gisant au sol. Maintenant désarmé, le second sbire ne peut plus que parer, et préfère donc fuir en matérialisant une porte, vers Obero sans doute.
Ne restent alors plus que WU et moi, peinant à parer les coups de ses deux lames. Son style d'attaque est plutôt sauvage, et la force de ses coups dévie mes accessoires vers moi. Par plusieurs fois, je suis presque tranché par ma propre arme. Je n'avais encore jamais défié d'adversaire armé de plusieurs lames, et me vois contraint d'utiliser majoritairement le bouclier, ayant renoncé à désarmer Belto avec ma propre lame. Il appuie alors sur un bouton sur le manche de sa lame, et celle-ci se met à rayonner pendant quelques secondes. En deux coups, il parvient à couper en deux mon bouclier et mon arme. Désarmé, je recule dans un coin de la ruelle formé par une poubelle et un mur. La lame de Belto cesse de rayonner. Inutile d'essayer de me défendre avec les poings et les pieds, face à la lame, ils ne pourront rien faire. Cerné, je sens ma fin venir. J'ai voulu être héroïque, suivre les exemples donnés par les super-héros, cela a mené à ma perte. D'une voix vocodée, lugubre, caverneuse, mon adversaire prononce la sentence.
« À toi de faire un choix, Mikava. Ou tu nous rejoins, ou tu meurs. »
Subitement, je me résigne. Après tout, je voulais me suicider chaque semaine avant de m'embarquer dans cette histoire. Encore un échec. Une fois de trop, la chance n'était pas avec moi. Tant qu'à faire, que je sois tué où que je me suicide, je meurs dans tous les cas. M'étant calmé, je penche la tête en avant et ferme les yeux.
« Tuez donc. Je suis une erreur de la nature, de toutes façons. Je ne mérite pas de vivre, mais je n'ose pas me suicider. Mettez fin à mes jours, je vous en supplie. »
Toujours aucun commentaire ? Personne n'a voulu tenter la version .pdf des huit premiers chapitres ? Est-ce que quelqu'un a lu ?Une lame verte s'interpose entre ma tête et la lame de Belto.
« Si j'étais toi, j'essaierais de tuer un autre Mikava.
- Quoi ? C'est encore un de tes esclaves ?
- Ardamu n'est pas mon esclave, c'est un humain désireux de s'en sortir que j'ai pris sous mon aile pour l'aider.
- Tu ne l'aideras pas ! Il est voué à la perte !
- Je ne suis pas de cet avis. »
La lame orange se retire du blocage imposé par la lame verte. Belto s'enfuit comme son ancien sbire. Je reprends mon souffle.
« Sarantu, vous m'avez sauvé la vie. J'ai eu beaucoup de bol que vous soyez là au bon moment. Merci infiniment.
- Ce n'est rien, tu étais en fâcheuse posture. Nous autres chevaliers avons des équipements pour nous téléporter vers nos apprentis, et ceux-ci nous avertissent également si l'apprenti se retrouve face à un Migono. Y'a un peu de chance, mais pas tant que ça, en fait.
- Wolfgang Ulrich est un des leurs. Mais... il a dit ''encore un de tes esclaves'', vous vous connaissez ?
- Il fut autrefois l'un de mes apprentis. Au début du collège, tu l'as connu ronchon à bouder dans un coin dans la cour du collège. J'étais jeune chevalier récemment promu, il fut l'une de mes premières recrues. Il a d'abord été intéressé par l'idée, a suivi mes premiers cours, mais s'est rapidement ennuyé et m'a envoyé balader, disant qu'il pouvait se débrouiller seul. Pas de chance, il fut également l'un des premiers apprentis de Feltro. Aujourd'hui, c'est l'un de ses bras droits, et il fait partie des Migono préférant tuer les Mikava plutôt que d'essayer de les pervertir en premier. Il a déjà manqué de tuer deux de mes apprentis, mais j'étais là à temps pour éviter le désastre.
- Attendez, ça fait cinq ans que vous êtes chevalier, et y'a que quarante de vos élèves qui sont parvenus à votre grade ?
- À raison de deux mois de formation en moyenne pour chaque élève, je trouve que c'est plutôt pas mal. Wolfgang fut mon seul échec. »
C'est bientôt l'heure d'entrer au lycée, Sarantu me laisse sur ces mots avant de retourner à ses occupations.
Pas de trace de Wolfgang Ulrich, ni de Blanche, aujourd'hui. À midi, des rumeurs commencent à circuler au sujet d'un cadavre d'élève du lycée qu'on aurait retrouvé dans une ruelle pas loin d'ici. Le lendemain, un hommage est organisé au lycée, suite à la mort du-dit élève, une minute de silence lui est consacrée. On aurait retrouvé mon cadavre à une minute près dans cette même ruelle, mais on n'aurait pas fait tant de chichis, on n'aurait pas non plus fait d'enquête pour éclaircir ça. Le surlendemain, Blanche et Wolfgang reviennent. Ils ne sont plus ensemble et ne disent pas un mot de la journée.
À midi, je trouve justement Blanche, assise sur un banc, dégustant un sandwich provenant du même commerce où j'achète le mien, ce n'est pas sans me rappeler une mise en situation à laquelle Sarantu m'a confronté. Une jolie demoiselle était isolée dans un coin. En proposant mon aide, j'étais parvenu à la retrouver pour plusieurs rencarts. Il est grand temps d'appliquer les leçons de mon mentor. N'écoutant que mon courage, je m'assieds à côté d'elle. Elle s'écarte. J'ose deux mots.
« Ça va ? »
Elle jette un regard sur moi, voir ses sublimes yeux de près double ma fréquence cardiaque, mais elle ne répond pas. Sarantu disait oser le mensonge si nécessaire. Je n'ai pas réfléchi.
« J'ai vu tout ce qui s'est passé, avant-hier matin.
Stupéfaite, elle me jette un nouveau regard, plus long cette fois-ci, les yeux exorbités, la bouche bée.
- Si tu veux, euh... je suis témoin, c'est euh... s'tu veux intenter un procès à Wolf...
- Y'a pas de faits, je vais pas le traîner au tribunal.
- Voui, ma remarque était nulle. Euh... enfin... si tu veux parler à quelqu'un, je suis là.
- Merci.
- Je sais que euh... tu m'apprécies pas trop. Mais j'veux bien... t'aider, si…
Une envie de vomir magistrale me prend au ventre, une boule de stress énorme se forme, je sens que je peux faire une attaque d'un instant à l'autre.
- Tu sais, je suis encore un peu sous le choc, si tu veux, on reparle de ça demain. Je serai au même endroit, à la même heure, d'accord ?
- D-D'accord. »
Elle finit son sandwich et repart pour le lycée. Pendant ce temps, le silence s'impose.
Le soir, je retourne sur Anuva pour un cours avec Sarantu.
« Tu as très bien agi, Ardamu. C'est normal que tu aies bafouillé, ton rapprochement est un énorme pas en avant ! Des milliers de personnes ne l'auraient pas fait !
- Et des millions d'autres n'auraient même pas hésité et se seraient pointées avec assurance.
- Je te rappelle que tu es sur Anuva, un tel acte fait de toi l'un des apprentis les plus prometteurs ! Tu devrais en profiter pour voir les nouveaux accessoires qui te sont accessibles pour les tournois de ce week-end.
- Je viens de décrocher mon premier rencart, et vous pensez juste aux compétitions de ce week-end ?
- C'était un aparté, voyons. Bon, tu es tendu, ça se comprend. Ça te dit une nouvelle mise en situation, sans clope ni poulet mayonnaise ?
- Mouep... Faudrait pas que je me plante.
- Bien, tu es assis sur ce fameux banc, Blanche à tes côtés, elle commence à te parler de sa relation avec WU, de leur rencontre, de …
- Un message pour Sarantu ! »
Tous les chevaliers et grades supérieurs ont un smartphone anuvien, n'hésitant pas à interrompre leur propriétaire d'une voix horripilante au meilleur moment, comme ici. Une prochaine mise à jour doit fusionner le radar avec cet engin. Mon mentor lit le message alors transmis. L'expression simplifiée de son visage laisse apparaître des traits d'inquiétude. Il me résume ce qu'il lit.
« Voilà une semaine que Garatu a disparu, un nouvel apprenti va m'être assigné. Le cours d'aujourd'hui doit s'interrompre, désolé Ardamu, je dois passer en phase de recrutement.
- Pas grave, je comprends.
- Bon, on remet ça à ce week-end ?
- Si vous voulez, mais je vous préviens, j'ai tournoi. »